Capital
Publié le 11 Fév. 2023
Il y a quelques années de cela, au détour d’une discussion, mon frère m’a dit « Non mais toi, t’es riche, tu t’en rends même pas compte ». Je me souviens avoir voulu me défendre et trouver tout un tas d’excuses plus moisies les unes que les autres. Être riche, ça sonnait comme une insulte dans mes oreilles (on y reviendra). Mais voilà, cette phrase m’a indubitablement marquée jusqu’à soulever une œillère que j’avais depuis longtemps et faire naître en moi un nouvel angle de vue sur l’argent.
Tout d’abord, rendons les honneurs : mon frère avait raison. Je suis riche, je fais partie d’une tranche très aisée de la population.
Les faits qui confirment cette affirmation :
- J’ai eu de très bons revenus et je pourrais encore en avoir aujourd’hui si je le souhaitais.
- Je pratique un métier très bien rémunéré.
- Je peux me permettre aujourd’hui de travailler peu tout en continuant à vivre à Paris et m’autoriser un niveau de vie confortable.
- J’ai grandi dans une famille où on m’a donné tout ce dont j’avais besoin pour vivre, faire des études, avoir une vie sociale, etc.
- J’ai fréquenté des milieux sociaux classistes qui me permettent de naviguer confortablement dans ces cercles, certes qui ne sont pas les miens, mais peuvent grandement m’aider dans diverses situations difficiles.
- J’ai eu la chance de pouvoir faire des études supérieures, même si je n’ai finalement pas terminé mon cursus.
- J’ai un entourage soutenant qui m’aide à avancer dans la vie et à réaliser mes projets, que ce soit mon partenaire de vie, ma famille, mes ami⋅es ou mes collaborateurices de travail.
- J’ai un très bon réseau social et professionnel.
Je n’écris pas cela par vanité ou orgueil. J’écris pour me rappeler que ces privilèges forment ma réalité et par conséquent, constituent des angles morts que je veux surveiller et observer.
Ma vision sur l’argent est une voix parmi tant d’autres. Je sens l’importance d’écrire à ce sujet de là où je me situe. Ce que je vois, ce que je ressens, ce que j’analyse, je le partage ici dans l’espoir d’enrichir une réflexion collective sur l’argent et trouver des pistes pour nous extraire du capitalisme patriarcal et raciste.