Par Fanny Cheung

Et si je me lançais dans une boutique éphémère ?

Publié le 15 Fév. 2023

Un bureau en fouillis vu du dessus. On peut apercevoir en vrac des pots de
crayons et stylos, des illustrations, des feuilles, une lampe de table jaune,
des fleurs séchées, des livres et des carnets.

Récemment, j’ai commencé à réfléchir à vendre certaines de mes créations. J’ai tiré un fil de réflexion si long qu’on aurait pu tricoter un pull avec.

On m’a souvent demandé si je vendais mes dessins ou si je comptais ouvrir une boutique en ligne. Plusieurs fois, j’ai répondu que non, je n’aimais pas m’occuper d’un commerce. Gérer des commandes, des envois et une communication, je ne m’en sens pas l’énergie, ni l’envie. Je suis admirative de tout le travail des créateurices aujourd’hui. Jongler avec les réseaux sociaux, animer sa communauté, créer ses supports de communications, monter des vidéos. Une des raisons pour lesquelles je ne parviens pas à mettre autant d’énergie, c’est parce que cette activité n’est pas ma source de revenu principale. Mon activité de développeuse web et mon cercle familial et amical me permettent d’être à l’aise financièrement. J’ai beaucoup de chance, ça m’offre le privilège de ne pas dépendre de la vente de mes créations.

Si je n’ai pas de besoin de revenus sur mon art et mon artisanat, quelles seraient mes raisons de lancer une boutique ? Je pourrais explorer plusieurs pistes. Prenons la plus simple, la vanité. J’ai envie qu’on connaisse mon travail et que je puisse apporter de la joie aux gens avec mes illustrations. Ça me fait plaisir. C’est d’ailleurs le moteur principal de ma création. Mais ce n’est pas suffisant comme motif de vente à mes yeux. J’offre souvent mes illustrations et cela m’apporte déjà cette satisfaction-là. Ce geste individuel qui apporte de la douceur, de la joie et du lien entre des personnes, je ne le mesure pas à la quantité. Offrir un dessin ou en vendre cinquante, je serais contente tout pareil comme on dit.

Un deuxième point qui m’importe aujourd’hui en tant que créateurice, c’est de valoriser le travail des artistes et des artisan·es. Vendre mes dessins, ce serait une manière d’y participer. Une manière d’exposer au monde (enfin mon petit monde) que mon travail, cette illustration, vaut tant d’argent car elle représente un savoir-faire, une énergie, du matériel et toute l’application que j’y ai mise. J’y vois du respect envers moi-même et du respect envers le travail de mes adelphes. Avec du recul, je pense que c’est l’une des raisons sous-jacente de mon refus à la vente : je ne sais pas quelle valeur j’accorde à mon travail. Et je n’avais pas envie d’y réfléchir jusque là. 

J’ai donc tenté l’exercice ce weekend. J’ai lu des articles sur “Comment vendre son art ?” ou “Combien se vend une illustration originale aujourd’hui ?” Ça m’a apporté pas mal de billes. J’en suis arrivée à un premier jet de grille d’évaluation pour mes créations originales (je ne pense pas vendre de reproductions pour l’instant) : 

Un exemple : une mini-illustration à l’aquarelle de 6.5x10cm représentant une scénette reviendrait à 6.5 x 10 (le format) x 0.4 (le coefficient que j’accorde aux illustration à l’aquarelle de ce type) + 1 (le coût du matériel pour ce format) = 27€. J’ai posé les coefficients en me demande combien j’étais moi-même prête à mettre pour un certain format. J’ai testé ensuite avec plusieurs autres formats pour voir si les montants me paraissaient cohérents. Enfin, je les ai comparés avec les prix que pratiquent d’autres artistes. Ma grille se tient, je vais la laisser reposer et revenir dessus plus tard.

Valoriser le travail d’art et d’artisanat, voilà qui est bien trouvé me suis-je dit. Je n’ai pas inventé l’eau chaude, d’autres y ont déjà réfléchi avant moi. J’avais besoin pourtant de poser mes propres mots dessus. D’autant plus que le système capitaliste me sort par les yeux et que je ne sais pas comment y trouver ma place sans trop de culpabilité. Et finalement, ce sera un événement particulier qui va me pousser à lancer la machine : l’annonce de la deuxième édition de Faiseuses du Web, un cycle de conférences portées par des femmes expertes dans la conception web. J’ai envie d’y participer et également de soutenir l’initiative financièrement. La vente de mes illustrations serait un chemin possible pour y contribuer.

J’en suis donc à décortiquer tous les aspects de cette boutique éphémère et évaluer si je serai capable de la gérer. Et vous, ça vous inspire quoi cette proposition ? Quelles questions vous vous posez par rapport à l’argent et votre travail ? 

🍂 Cette publication est parrainée par mes camarades de la communauté Patreon et Liberapay
🌻 Date de publication anticipée sur ma page Patreon : 16 Nov. 2022