Par Fanny Cheung

Non-envie

Publié le 10 Sept. 2024

Vue du dessus d'une grille d'égout dans laquelle on aperçoit plein de petites
boules de mousses vertes.

La motivation et l’énergie peinent à revenir. J’en suis déjà à presque deux mois de panne sèche. Comme si mon esprit, en dépit de mes envies, m’imposait cette jachère.

J’ai passé deux mois avec un moral au fond des chaussettes. Outre les bouleversements dans ma vie personnelle, ce vide profond et cette non-envie de créer piétinent des pans entiers de mon identité. Qui suis-je si je ne crée pas ? À juste titre, plusieurs ami⋅es m’ont fait remarqué que j’écrivais et que je gribouillais quand même. C’est vrai, j’ai même participé récemment à un atelier de linogravure qui m’a lancé ensuite, une soirée durant, sur quelques tentatives d’encrage.

Je vous montre un peu ce que j’ai fait avant de reparler de mon manque d’énergie. J’écrirai une autre publication sur mes aventures avec la linogravure quand j’aurai retrouvé mon mojo.

Ce qui me mine en ce moment, ce n’est donc pas “ne pas créer” au sens strict. C’est de ne plus sentir, de ne plus être présente lorsque je crée. Habituellement, lorsque j’étale quelques couleurs à l’aquarelle, chaque touche se diluant dans une autre me fait l’effet d’un petit coup de magie. À l’instar d’un feu d’artifice. Ou encore lorsque je dessine au stylo noir, je suis, soit subjuguée par les traits qui se révèlent sous mes doigts, soit, au moins, au final, je suis contente de ce qui a été esquissé. Aujourd’hui, pas de joie. À aucun moment du process, ni même après. Ce n’est pas simplement une perte de “flow” - vu que de toute façon, ce moment arrive assez peu chez moi. C’est plutôt que je patauge dans un creux de création.

Je sais que je patauge car je ne prends plus plaisir à observer non plus. Une des rares choses qui me satisfaisait avant les jours où je ne créais pas, c’était de regarder le monde. Les gens, les arbres, la lumière. J’y suis quasi impassible devant ces derniers temps. Ça me désole et je me sens vide. Mais parfois, au détour d’un rayon de soleil, cette joie s’illumine légèrement dans mon cœur. Le temps d’un très court moment, assez pour que je m’y accroche.

Il y a une partie de moi qui trouve ce moment très intéressant à examiner. Ce vide se manifeste à un moment-clé de ma vie, intimement lié aux émotions violentes qui me traversent. Peut-être que le trop-plein a besoin de calme ? Je sens en moi une réticence à créer, à y aller, parce que je refuse de me plonger dans un état qui me ferait oublier mes peines. Comme si j’étais trop consciente de toutes les fois où, dans ma fuite, la création m’a sauvée. Cette fois, j’aimerais ne pas me sauver, mais avancer.

Je ne vais pas vous cacher que les résultats des élections et la dissolution de l’Assenblée Nationale m’ont fortement impactée ces derniers jours. Je ne veux pas d’une vie avec l’extrême-droite au pouvoir. Ça m’a tellement donné envie de collectif. D’être et de faire avec les autres. Et vous, comment vous vous sentez ? Je vous envoie beaucoup beaucoup de douceur, on en a bien besoin 🌻🍃

🍂 Cette publication est parrainée par mes camarades de la communauté Patreon et Liberapay
🌻 Date de publication anticipée sur ma page Patreon : 11 Juin 2024