Premiers retours sur La Boutique Éphémère
Publié le 28 Juin 2023
Il y a deux semaines, j’ai lancé La Boutique Éphémère pour vendre les deux illustrations que j’avais faites pour le nouvel an. Je vous fais mes premiers retours d’expérience.
Je suis vraiment contente de m’être poussée à lancer la boutique. Aujourd’hui, j’ai envie de vous partager le ressenti que j’ai face à cette expérimentation et ce que j’en ai retiré. Attention, article long, pas d’images, plein de textes. Mais probablement très intéressant 😆 Pour celleux qui sont davantage ici pour les images ou qui n’ont pas l’énergie de lire, allez quand même en bas de de la publication car j’y parle de quelque chose qui peut vous intéresser !
Réflexion de départ
Il y a quelques temps, avec David, j’ai discuté de comment on pouvait vendre ou troquer nos créations pour aider des projets ou initiatives qui nous tenaient à cœur. L’idée du prix libre est arrivée à ce moment-là. Je n’ai pas pris le temps d’en rediscuter avant de lancer le projet. Je voulais récolter des sous pour Les Faiseuses du Web qui se tient en avril. Cette deadline m’a, au final, bien aidée à me lancer.
Je savais que je partais sans vraie recherche côté utilisateurice, côté marketing et côté com. Une reine du commerce je vous dis 👸🏻
Conception
Tout d’abord, je passe un temps monstrueux à écrire des textes sur mon intention de départ avec le prix libre et le soutien aux Faiseuses du Web. Trouver les mots justes pour faire comprendre ma démarche et donner envie de réfléchir à l’achat sous un prisme inhabituel, ce n’est chose aisée.
Ensuite, je réalise que, pour vendre en ligne, je me dois d’être un minimum en règle. Je pars donc lire plein de choses en terme de législation française sur les conditions générales de vente B2C (business to customer, vente aux particuliers) et le Code de la Consommation. Il y a un côté un peu nerd à aller comprendre et décoder les textes de loi, puis en sortir une version intelligible pour nous autres pauvres Moldus.
La partie rédaction pliée, je me met à coder. Faire le site, les pages de paiement, c’est mon travail. Un peu fastidieux quand même de mettre en place le tout et trouver la bonne manière d’instaurer un prix libre sans que ce soit totalement incompréhensible pour les utilisateurices. D’ailleurs, j’aurai, dans les retours qui me seront faits, des choses concernant les textes et le parcours utilisateurice.
Lancement
Me voilà avec ma page toute prête et je me trouve mille excuses de type “je ne sais pas si le prix libre va vraiment intéresser des gens”, “je n’ai fait tester le site par personne”, etc. Pour être honnête, si ça avait un enjeu crucial, je n’étais franchement pas prête. Néanmoins, mon objectif personnel, c’était de tester ce format de boutique éphémère à prix libre. Je n’avais pas de raison valable pour ne pas me lancer à partir du moment où le site en ligne était fonctionnel.
J’avais peur.
Souvent, on me voit comme une personne confiante. C’est vrai, j’ai confiance en mes capacités. Et de l’extérieur, je parle beaucoup, ça donne une image de quelqu’un qui affronte les obstacles et sait où elle va. Mais, je suis également une personne avec une estime de moi assez fragile. Quand je dois exposer mon travail au monde, j’ai l’impression d’être toute nue. Les premières fois où j’ai posté mes dessins, c’était la panique à bord. Je me suis habituée depuis. Lancer une boutique en ligne avec un principe de prix libre, je ne dirai pas que c’est exceptionnel, mais c’est singulier.
J’avais peur mais j’en avais vraiment envie, je voulais voir ce qui allait fonctionner et ce qui allait foirer. Pour pouvoir itérer dessus. Alors, j’ai plongé. Comme quand, cette fois-là en canyoning, morte de trouille, j’ai fait un saut de 8m en faisant barrage à toutes mes tergiversations.
Communication
L’accueil de la boutique est timide. Je poste sur Instagram (Insta dans la suite du texte) et Mastodon (Masto dans la suite du texte). J’essaie de publier de belles images et écrire des textes pour inciter à partager la page de la boutique. Je sais que faire la communication et la campagne de la boutique est primordial. C’est très loin d’être ma partie favorite. Je choisis à escient de ne pas y consacrer trop de temps même si je sais que c’est ce qui stimulerait le plus la vente.
Mes premiers essais faillissent à leur objectif. Je fais une vente le premier jour, puis plus rien. Je teste ensuite différentes manières de parler à la clientèle potentielle. Je vous liste ça en vrac.
Ce qui n’a pas fonctionné :
- Poster le même texte sur Masto et Insta : sur mon fil sur Masto, j'ai surtout la communauté du libre, des anarchos-communistes 30-45 ans et des hommes blancs. Sur mon fil Insta, j'ai beaucoup de personnes racisées, plusieurs classes sociales différentes et des anarchos-communistes 20-25 ans. je n'aurais pas dû parler à ces deux communautés totalement différentes de la même manière. C'était évident, ma flemme a supplanté ma raison.
- Parler des spécificités techniques sur Masto : je pensais que ça intéresserait que je parle de Publicodes, un langage pour exprimer des règles de calcul, mais je me suis complètement plantée. Ce n'était pas le bon moment ou les bons termes.
- Expliquer ma démarche en texte sur Insta : je crois que personne n'aime lire du texte sur Insta. En même temps, l'application est destinée aux images et aux vidéos, pourquoi ai-je voulu rédiger un bloc de texte ?
Ce qui a fonctionné :
- Poster le matin sur Masto : je fais partie d'une sphère à heure française qui privilégie l'arrêt du réseau social le soir, on lit et on partage de bon matin.
- Poster le soir sur Insta : une grosse partie des personnes qui me suivent sont du soir (ou pas en France) et très réactifs sur les réseaux. Le post ou la story à 20h, ça marche vraiment bien.
- Raconter ma vie en stories sur Insta: il y a une vraie culture du partage de l'intime sur Insta. Le fait de parler de moi davantage doit probablement me booster dans l’algorithme et les gens ont envie de me lire. Par conséquent, on me reposte davantage ensuite.
- Ne pas avoir peur de poster plusieurs fois : j'ai eu l'impression de harceler les gens avec ma boutique. En vrai, reposter plusieurs fois a permis de relancer certaines personnes qui avaient oublié et me montrer à d'autres qui n'avaient pas vu les précédents posts.
- Demander ce que je veux directement sans chichi : c'est ce qui a le mieux fonctionné sur Insta et sur Masto. J'ai demandé à ce que les gens partagent le lien de la boutique et pour celleux qui pouvaient, acheter une illu. C'est là où ça a déclenché le plus de ventes.
Ce dernier point me donne très envie de vous partager ce Ted Talk d’Amanda Palmer où elle parle justement de demander à sa communauté ce qu’on souhaite en tant qu’artiste. J’adore cette chanteuse (allez écouter The Ukulele Anthem <3), ses interventions, à défaut de vous faire l’aimer, vous surprendront.
Retours d'utilisateurices
Des personnes m’ont fait part de leur retour à propos de la boutique. Ça m’a fait très très plaisir de pouvoir discuter avec elleux. En effet, en lançant cette boutique, je n’avais pas eu l’énergie de faire tester l’interface et le parcours utilisateurice et de poser des questions. On sait toustes que c’est une grosse lacune de ne pas avoir ce genre d’informations dans un projet en ligne Mais bon, je suis sur un petit projet perso, je reste indulgente avec moi-même.
Pour la prochaine boutique, je vais donc :
- Écrire "Acheter" ou "Commander" sur le lien qui permet d'accéder au lien de paiement,
- Ajouter un prix conseillé pour aiguiller les personnes qui n'ont pas l'envie ou l'énergie de calculer un prix qui leur semblerait juste,
- Peut-être ajouter une version en anglais.
Conclusion
De mon côté, je trouve que l’expérience est une belle réussite. J’ai vendu un peu, j’ai testé plein de petites choses liées à la vente, on m’a fait des retours.
Par contre, pour l’histoire de l’accessibilité à l’art, je repasserai. Je m’attendais à ce qu’il n’y ait pas trop d’accroche via Masto car j’ai plutôt une sphère CSP++. Mais sur Insta non plus, ça n’a pas pris. Personne n’a acheté à un prix moindre. Je sais qu’il y a une gêne à peu payer le travail et une difficulté à dire qu’on n’a pas d’argent. C’est normal vu le monde dans lequel on évolue. Et puis, si on n’a pas d’argent, je crois qu’on ne passe pas ses journées à vouloir acheter de l’art. J’imagine que ça pourrait aider de parler davantage des créations suspendues et autres démarches de ce genre. Ça me donne envie de creuser ça.
Le côté éphémère de la boutique me plait. Je peux gérer la logistique des envois en une seule fois, c’est très pratique pour mon planning. Le point embêtant, ça me demande du travail de communication. Je n’aime pas cette activité et ça prend du temps. C’est nécessaire dans le sens où ma fenêtre de tir est sur une courte période, je ne peux pas trop attendre que la vente se fasse tout seul. Ou peut-être quand je serai un peu plus connue (pas sûre d’avoir envie de ça non plus).
Je pense ouvrir une boutique éphémère à la fin du printemps, début de l’été avec des impressions des Eskjas. Genre celle-là, celle-là, celle-là ou celle-là. Vous aurez accès à la boutique quelques jours avant le lancement officiel. Ça vous botte ? 🤗
🍂 Cette publication est parrainée par mes camarades de la
communauté Patreon et Liberapay
🌻 Date de publication anticipée sur ma page Patreon :
29
Mars
2023