Par Fanny Cheung

Renouer avec le geste

Publié le 31 Mai 2023

Plan du dessus d'une illustration à l'aquarelle. L'illustration représente une
ville imaginaire que l'on distingue uniquement par des formes avec des
dégradés de verts. On peut voir du matériel de dessin sur la table où est
posée l'aquarelle.

Ces derniers jours, j’avais envie de peindre. Simplement prendre le pinceau et étaler de l’eau et des pigments.

Il a des jours comme ça où j’ai juste envie du geste. Pas de projet, pas d’intention.  Ces instants me sortent de mes habitudes sans pour autant être bousculée. Je ne me force pas, je laisse ma main choisir là où elle veut placer une forme sur la feuille. Puis, je brode doucement autour. Avec des motifs que je connais ou des accidents provoqués par mon stylo ou mon aquarelle.

J’imagine que pour celleux qui pratiquent moins le dessin ou la peinture, l’exercice semble impalpable. Tout comme pour moi, il est indicible. Je vais essayer de le décrire quand même.

La feuille est devant moi, blanche et sèche. Je mélange plusieurs verts et bleus dans les coupelles. Je trace une première virgule d’un vert pomme avec un gros pinceau. L’eau repousse les pigments et la forme commence à se figer. Une goutte stagne sur le bord du trait. D’un deuxième coup de pinceau bleu phtalo, je rattrape cette goutte pour l’amener ailleurs. Un léger dégradé transparent se révèle sur son passage.

L’accident est le bienvenu, je le cherche presque. Je repère ce qui donne de la force à un ensemble de formes. Comme quand j’écris, on sent mes habitudes et mes références dans ces dessins semi-automatiques. Pourtant, ils dévoilent également des connexions nouvelles et un autre souffle. C’est comme si je creusais en moi-même pour me trouver.

Une ligne en amène une autre. À la manière d’un rêve qui se construit petit à petit dans nos esprits, je remplis la feuille sans savoir où je vais. Le geste me dirige pendant que mon esprit se repose. Je ne réfléchis pas, je laisse mon instinct choisir ce qui me semble juste. 

Je pense à respirer. Littéralement. Sans aucun doute, la respiration permet de transférer l’air nouveau de mes poumons à mon dessin. Je ne sais pas pourquoi, ni comment. Magique je vous dis.

Ces moments de création prennent racine dans les différentes techniques que j’ai apprises. Que ce soit la couleur ou le dessin. Néanmoins, j’ai l’intuition qu’il est possible pour tout le monde de trouver des espaces similaires sans “savoir dessiner”. J’ai envie de trouver comment et de l’écrire pour le partager.

🍂 Cette publication est parrainée par mes camarades de la communauté Patreon et Liberapay
🌻 Date de publication anticipée sur ma page Patreon : 1 Mars 2023