Par Fanny Cheung

Le point d'équilibre

Publié le 7 Nov. 2023

Il y a une réalité frustrante pour celleux qui subissent leur fatigue. On est toujours à l’affut du moment où on va sombrer.

Ça fait plusieurs mois que je dors plutôt bien. Je ne crois pas que ça me soit arrivé depuis des années, avoir une période longue où mon corps peut dormir tranquillement. Avec cette énergie nouvelle, s’est ouvert pour moi tout un pan de liberté que j’avais oublié.


Je peux à nouveau prévoir des activités le matin. Des choses simples, comme un rendez-vous médical ou des petites courses. Il me reste encore une après-midi entière pour faire autre chose. Jusque là, mes journées se concentraient sur une activité unique. Le calcul est simple, je passe du simple au double de temps ! Les corps capricieux cachent des difficultés énormes au monde validiste.

Je continue d’avoir des nuits difficiles. Elles sont moindres mais le poids d’angoisse qu’elles pèsent est considérable. J’ai choisi de profiter de ma forme pour voir du monde et voyager. Ça me contraint à un planning qui me fait peur. J’ai peur de devoir tout arrêter et annuler le jour où mon corps ne voudra plus se lever.


Ces dernières années, j’apprends à être moins binaire sur ce sujet. Mon choix ne se situe pas entre « Sortir, voir du monde, travailler, m’amuser » et « être recroquevillé sous ma couette ». Même si c’est ce que mon inconscient a décidé de comprendre pour me protéger lorsque j’ai fait mon premier burn-out.

Je module mes attentes. Je peux continuer à participer au monde sans me perdre. Il y a un point d’équilibre que je commence à trouver facilement et régulièrement. Il n’est pas toujours au même endroit et je dois faire un effort d’écoute pour le trouver. Et ma vraie chance, c’est d’être entourée de personnes de confiance pour tâtonner sur ce chemin.


J’ai écrit ces mots il y a trois jours, probablement pour me rassurer. Depuis, mon corps a arrêté de fonctionner correctement.