Par Fanny Cheung

Être une brise

Publié le 21 Fév. 2023

Avant-hier, j’ai dormi au sol. J’étais exténuée et mon corps réclamait le repos. Ce qui n’était pas du goût de mon esprit orgueilleux qui cherche sans cesse à tenir la barre.

Pendant mes sessions d’hynothérapie, je fais l’expérience du lâcher prise. Comme je vis et ressens cette expérience, j’en ai une preuve empirique. Je sais au plus profond de moi que j’ai la capacité de revivre cet apaisement à un moment.


Allongée sur le tapis frais, j’ai fermé les yeux et écouté les sons de la ville dans la nuit. Le ronronnement du frigo, le vent qui fait rouler mes pots sur le balcon, des voitures qui passent, des coups sur une grille.

Je vais de plus en plus loin. Je m’imagine être le vent qui glisse sur la surface étincelante du canal. Mon passage dessine de faibles ondulations. Je contemple le reflet des lumières. Chaque petit creux dans l’eau contient une couleur différent. Je cherche les canards colverts, mais je suis distraite. Je me souviens de mon corps dans cet appartement. Pourtant, je me sens mieux à être un vent citadin qui flâne.

Soudain, je remonte vers les peupliers le long du quai. Je parcoure les branches, l’écorce. Sur mon passage, les feuilles se soulèvent et se balancent dans un doux bruissement. Joyeuses, elles m’accompagnent vers une accalmie inattendue.

Avant-hier, j’étais une brise.