Par Fanny Cheung

Paralysie

Publié le 24 Déc. 2023

Les dernières semaines sont éprouvantes. Mon corps tient à un fil tandis que les nuits pleines de cauchemars se succèdent.


Dans cette grande pièce légèrement éclairée, une lassitude m’enveloppe. Je m’endors soudainement. Mes pensées oniriques m’inspirent la peur et l’angoisse. En même temps, je ressens l’envie de rester dans ce cocon opaque pour échapper à une réalité qui me pèse.

Tout à coup, je me réveille. La lampe éclaire toujours la pièce d’une lumière rosâtre. Je vois ma main au bout de mon bras, lequel sert de coussin à ma tête. Mon coeur bat très vite, j’ai peur. J’ai l’impression que quelqu’un se tient derrière moi et tente de me retourner dans le lit.

Je veux bouger ma main et je réalise que rien ne se passe. Mes doigts restent immobiles, devant mes yeux. À nouveau, je pense très fort à serrer mon poing sans qu’aucun muscle ne réagisse. La panique monte. Je ne parviens même pas à tourner la tête. Pourtant, je vois bien tout ce qu’il y a autour de moi. La lampe de chevet et son abat-jour rose, la garde-robe viellote, les couvertures superposées sur moi, et ce bras sur lequel je suis allongée, mon bras que je n’arrive pas à bouger. Je m’efforce de produire un son avec ma gorge. Ce cri inexistant me semble surhumain. La pièce reste dans le silence le plus complet.


Je comprends que je fais une paralysie du sommeil. Mon corps, sous l’atonie musculaire de la phase de sommeil paradoxale, n’obéit à aucun de mes ordres. Je respire calmement, j’ai envie de me réveiller. Mais, au fond de moi, une autre voix presque désespérée m’implore de rester dans cet état de semi-veille pour échapper au quotidien difficile de ces derniers temps. Je retourne dans la parasomnie et l’angoisse qui l’accompagne.


Il me touche l’épaule et je me réveille. Je mettrai plus d’une heure à me sortir de la peur qui m’a saisie avec cette paralysie.

L’épisode effrayant, mais sans danger, déclenchera une hypersomnie de plusieurs jours. À défaut de me confronter de ma tristesse, ça aura l’avantage de reposer et réparer mon corps.