Se ménager
Publié le 18 Oct. 2024
Dans l’une de ses dernières publications, DaisyMoon parle de fatigue chronique et de l’opportunité que donne l’asynchrone. Je n’y avais jamais pensé et bien évidemment, je m’y suis tellement retrouvée !
J’ai l’impression de passer mon temps à dire à mes proches que je suis fatiguée. Ça en devient usant, même pour moi. Je n’ai pas de diagnostic. Pourtant, force est de constater que je n’ai pas la même énergie qu’une majorité des personnes autour de moi. Petite liste non exhaustive des choses que j’ai creusé pour comprendre et gérer cette fatigue/mes insomnies : thérapie comportementale et cognitive, polysomnographie, thérapie psy tout court, relaxation, sophrologie, acupuncture, phytothérapie, hypnothérapie, cure de xxx (mélatonine, millepertuis, ashwagandha, cbd, pfff d’autres encore).
À une époque où mon corps était en crise, j’avais écrit à une amie :
Le matin, je me lève et j’ai forcément mal quelque part. Si ce n’est pas la migraine, c’est le ventre ou le dos ou les trois à la fois. Une fois sur trois, je vomis. Je suis si fatiguée que parfois j’oublie le code de l’immeuble. Parfois, sans raison, je fais des attaque de panique, je ne peux pas les prévoir. Je passe des heures à me calmer de quelque chose que je ne saisis pas.
J’ai de la peine pour celle que j’étais et je suis contente de ne plus être à cet endroit. La vérité, c’est simplement que j’accepte mieux cette fatigue. J’ai arrêté d’en demander trop à mon corps et mon esprit.
Effectivement, pour gérer le quotidien, l’asynchrone est un outil merveilleux. J’ai la chance d’être entourée par des personnes incroyables tant dans ma vie personnelle que professionnelle. Je fais les choses quand je peux et les espaces dans lequels j’évolue me le permettent sans m’exclure.
Dès que ma jauge d’énergie se remplit, je m’active à dépiler les mails, les messages, les comptes-rendus de moments auxquels je n’ai pas pu assister. Les gens qui m’entourent utilisent les outils qui aident à créer cet environnement. Je peux continuer à participer à des activités et au travail, même en étant crevée. Aussi, j’ai beaucoup de notes et de listes qui me permettent de jongler avec les imprévus. J’anticipe tout ce qui peut être anticipé en terme d’énergie. De temps en temps, je me fais surprendre et mon corps s’éteint d’un seul coup. En vrai, j’ai des cisconstances heureuses. Mais j’aimerais tellement me dire “C’est normal que ce soit ainsi !” plutôt que “J’ai de la chance.”. Nos contextes et nos environnements devraient s’adapter et discuter avec les gens qui y naviguent, pas s’imposer.
Une des boussoles dans ma vie, c’est ma liste de priorités. Elle est très claire dans mon esprit : moi et ma santé, mes proches (ami⋅es, famille, amours), mon autonomie (travail, administratif), puis le reste. Cette liste, j’ai mis du temps à l’utiliser pour de vrai, tellement j’avais l’impression qu’il était nécessaire que je m’active partout pour exister.
Au final, je réalise que prendre soin de moi et de mes proches, ça me donne l’opportunité de faire du collectif à mon échelle. Je ne milite pas, je suis juste là pour celleux qui me sont chères. Et parfois, elleux construisent des choses encore plus grandes. Je crois que c’est là ma place. Et aussi, créer des trucs doux pour moi et les autres.
Aujourd’hui, comme plein d’autres jours, j’étais fatiguée. Je me suis sentie coupable, je me suis dit que je ferais mieux de me forcer. En fait, non, je ne peux pas. Soyons honnête deux minutes, migraine + ordi = super migraine. J’ai la possibilité et la chance de faire autrement. J’ai donc fait la sieste et je suis descendue au port prendre le soleil.
Je vis bien sûr toujours avec ce monstre terrible qu’est la productivité et l’envie de faire un milliard de choses. J’apprends à accueillir cette frustration, je la regarde et je me souviens pourquoi je ne l’écoute plus.